Carson Block, le patron de Muddy Waters, a indiqué dans un entretien aux Echos avoir réduit par précaution ses positions vendeuses en Europe, de peur d'une contagion du phénomène Gamestop. Toutefois, Muddy Waters n'entend pas arrêter ses campagnes activistes en Europe, où la concurrence est moindre qu'aux Etats-Unis.
Le cas de Muddy Waters est intéressant car le cabinet se présente comme un lanceur d’alerte, un traqueur d’affaires à problèmes, un défenseur des investissements qui opère seul, de manière indépendante. Avec ses opinions tranchées, le cabinet basé en Californie a plus d’une fois défrayé la chronique et affolé la bourse, depuis le début de son activité sur la scène internationale. Dans une demi-douzaine de cas, le bureau a ainsi publié une note conseillant de vendre à découvert. Ainsi, Muddy Waters profite du manque de transparence endémique aux structures financières pour générer du profit pour ses clients dont il se garde de révéler l’identité.
Toutefois, cette stratégie risque d’être mise à mal par la jurisprudence de GameStop qui a été mise en lumière aux Etats-Unis avec des petits porteurs qui s'échangent leurs conseils sur un forum et qui ont lancé un bras de fer avec les vendeurs à découvert. Ainsi, ces particuliers ont déjà réussi à multiplier par près de huit le cours du distributeur de jeux vidéo GameStop, ce qui a forcé les vendeurs à découvert à déboucler leurs positions courtes, multipliant l’impact haussier du cours.
Aussi, la France a déjà été touchée par ce phénomène lors de la séance du 27 janvier quand le cours d’Unibail-Rodamco-Westfield s’est envolé de près de 20% grâce à l'effet GameStop facilité par le report de la décision du gouvernement français au sujet du reconfinement. Aussi, le minerais d’argent semble être la cible actuelle avec une envolée de près de 20% en quelques séances.
Toutefois, le retour de manivelle constitue un risque non négligeable. En effet, les Hedge Funds ont une force de frappe qui peut être impressionnante en cas de coordination des actions. Surtout, ces vendeurs à découvert peuvent attaquer de grandes capitalisations où l’action des petits porteurs est susceptible ne pas peser lourd. Aussi, les investisseurs traditionnels peuvent bouder les valeurs qui font l’objet de spéculation pour éviter cette forte volatilité.